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La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ;
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisser crier[1].

Voilà au moins une pensée juste, et qui peut être encore utilisée à l’occasion. Et c’est un sage conseil aussi, et digne de Sénèque, qui est adressé à Cléophon) :

… que ton âme s’apaise…
Obeys sans murmure au vouloir du haut Dieu[2].

(Seulement cela peut se dire beaucoup mieux, et, encore une fois, sous forme de vérité générale, qui se rattachera à ce qui vient d’être dit de la mort) :

De murmurer contre elle et de perdre patience
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut, est la seule science
Qui nous met en repos.

(Desportes compare longuement le jeune guerrier à un bouton de rose, ou à un jeune lys, mais nous n’écrivons pas pour les jardiniers, et pour les roses on a dit trente-six fois mieux déjà[3].

Desportes cite aussi, en le mettant dans la bouche de Damon mourant, le proverbe :

« Tous ceux qu’aiment les dieux ne vivent pas longtemps »[4].

  1. Malh., I, 43. Voiture renchérit sur cette idée en la développant en des vers cités par Ménage (o. c., p. 564). Malherbe répète à peu près la même chose dans la Consolation au président de Verdun.
  2. Desp., p. 322.
  3. Voir plus haut. Puis il ne faut pas deux comparaisons l’une sur l’autre (Brunot, l. l., p. 215).
  4. Desp., p. 321. C’est le mot de Ménandre (Ὄν οί θεοὶ φιλοῦσιν, ἀποθνήσκει νέος) que Leopardi (Canti, XXVII) met comme épi-