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La plus longue frescheur des roses est bornée
Par le cours naturel d’une seule journée[1].


Pour consoler Salmon Macrin qui avait perdu sa Gélonis, du Bellay lui dit bien des choses que Malherbe dira à du Périer, et notamment :

La roze journalière
Mesure son vermeil
À l’ardente carrière
Du renaissant soleil[2].


On dirait vraiment qu’en ce temps de poésie, comme dans la chanson de Malherbe inspirée du Tasse,

L’air est plein d’une haleine de roses[3].


Et les roses apparaissent aussi chez Ronsard, non seulement quand il parle à Cassandre ou à Marie dans les vers si connus où il rappelle à son amante la brièveté de la rose, mais aussi quand il parle d’une mort prématurée ; et s’adressant à l’âme de Charles IX, mort à vingt-quatre ans, il s’écrie :

Voyez au mois de May sur l’épine la rose ;
Au matin un bouton, à vespre elle est desclose ;
Sur le soir elle meurt ; ô belle fleur ! ainsy
Un jour est ta naissance et ton trépas aussi[4].


Montchrestien aussi dira plus d’une fois que l’homme est semblable à la rose, et que

  1. Du Bellay, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 398.
  2. Du Bellay, t. I, p. 153. Cf. Chamard, Joachim du Bellay.
  3. Malh., I, 226.
  4. Ronsard, t. III, p. 129, et aussi VII, 175, VIII, 120 ; voy. H. Guy, « Mignonne, allons voir si la rose… », réflexions sur un lien commun (Bordeaux, 1902).