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parlent du reste d’après les Italiens — et son poème le plus fameux, la Consolation à du Périer, se ressent, nous allons le voir, du souvenir d’une Elégie de Dasportes.

On sait le mépris que Malherbe affectait pour Ronsard, dans les œuvres duquel il trouvait tant de moellons[1]. « Il avoit, dit Racan, effacé plus de la moitié de son Ronsard et en cotoit à la marge les raisons. Un jour, Yvrande, Racan, Colomby et autres de ses amis le feuilletoient sur sa table, et Racan lui demanda s’il approuvoit ce qu’il n’avoit pas effacé : Pas plus que le reste, dit-il. Cela donna sujet à la compagnie, et entre autres à Colomby, de lui dire que, si l’on trouvoit ce livre après sa mort, on croiroit qu’il auroit trouvé bon ce qu’il n’auroit point effacé ; sur quoi, il lui dit qu’il disoit vrai, et tout à l’heure acheva d’effacer le reste[2]. » Un autre jour, il mettait une chanson populaire au-dessus de tout Ronsard, et Ménage se souvenait « d’avoir ouï dire à Gombaud que, quand Malherbe lisoit ses vers à ses amis, et qu’il y rencontroit quelque chose de dur ou d’impropre, il s’arrestoit tout court, et leur disoit ensuite : Ici je ronsardisois[3] », Il ne faudrait pas prendre à la lettre les boutades de Malherbe, qui adressera comme les autres son hommage à Ronsard à l’occasion de l’édition de 1623

  1. Il voulait dire : vers de remplissage (voy. Arnould, Anecdotes inédites sur Malherbe).
  2. Malh., I, p. LXXVII-LXXVIII.
  3. Ménage, o. c., 527. Régnier reproche à Malherbe de prétendre que

    Ronsard en son mestier n’estoit qu’un apprentif.