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dans la préface de son Olive, dit déjà : « Ceux qui ont lu Virgile, Ovide, Horace, Pétrarque, trouveront qu’en mes écrits il y a beaucoup plus de naturelle invention que d’artificielle et superstitieuse imitation » ; et Du Perron, dans son Oraison funèbre de Ronsard, fait du chef de la Pléiade exactement l’éloge que Balzac fera de Malherbe : « Il s’orna et embellit l’esprit de ce qu’il y avoit de rare et d’excellent dedans les anciens poètes tant grecs que latins, des dépouilles desquels nostre langue n’avoit pas encore triomphé ; et usa de leurs richesses si industrieusement qu’elles paroissoient sans comparaison plus belles, mises en œuvre dedans ses escrits, que dedans les livres de leurs premiers auteurs[1] ». Du Perron remarquait seulement qu’au début les courtisans furent étonnés des nouvelles manières de parler du grand poète ; le monde du Louvre et des ruelles, pour qui Malherbe écrit, n’est plus étonné des fictions de son poète : c’est qu’il s’est instruit depuis le XVIe siècle, et que ce poète est peut-être un peu moins pénétré d’antiquité que l’autre. Mais les anciens, ou ceux qui les ont imités, restent quand même les maîtres écoutés : « Je ne crains point, dit Godeau dans son Discours sur Malherbe, d’avouer pour mon auteur qu’il a toujours pris les anciens pour ses guides[2] ». Il prend parfois l’antiquité dans la poésie française du XVIe siècle, aussi bien que chez les Italiens, et il se ressent de la Pléiade et de ses prédécesseurs français aussi bien que de Virgile et d’Horace : il parle des dieux et des rois comme Ronsard, de l’amour comme Desportes et Bertaut, ou comme Régnier — qui tous en

  1. Ronsard, éd. Blanchemain, t. VIII, p. 188.
  2. Malh., éd. Lalanne, t. I, p. 382.