l’auteur de cette note de la copie B du commentaire, note dont les recherches de M. Lanson sur Desportes montrent l’à-propos. Malherbe a eu plus d’une fois l’occasion d’apprendre à connaître la poésie espagnole dans le monde qu’il fréquentait, et, par une véritable ironie de l’histoire littéraire, c’est sous son nom qu’a paru la première imitation de Gongora dans la poésie française, à savoir la chanson :
Qu’autres que vous soient désirées[1],
que Berthelot parodia en termes si cruels pour Malherbe ;
cette chanson, en stances de six vers, dont le troisième
et le sixième se répondent :
Cela se peut facilement…
Cela ne se peut nullement.
a pour modèle une letrilla satirique de Grongora, où le
refrain, pareillement disposé, est : Bien puede ser au
troisième vers de chaque stance, No puede ser au sixième.
La composition en a été racontée par Racan, par
Ménage et par Tallemant des Réaux : « J’ai ouï dire à
M. de Racan, dit Ménage, que cette chanson fut faite
dans la chambre de Mme de Bellegarde, par elle, par lui
et par Malherbe, à l’imitation d’une chanson espagnole,
dont le refrain étoit : Bien puede ser, No puede ser ; et que
Mme de Bellegarde y avoit beaucoup plus de part, ni que
lui, ni que Malherbe. Ainsi cette pièce n’a point dû être
mise parmi celles de Malherbe. Cependant, de son temps
même, elle passoit pour être de Malherbe, comme il
- ↑ Malh., I, 90.
possible qu’il les eût écrites sur des morceaux de papier détachés qui se seraient perdus plus tard » Malh., IV, Préface, p. II). Cf. Lanson, Études sur les rapports, etc., art. Desportes, (Revue d’histoire littéraire de la France, 1897, p. 63).