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petits morceaux », nous avons retrouvé plus d’une idée et plus d’un trait d’origine italienne.

L’opposition entre la réforme de Malherbe et les modes italiennes et espagnoles, marinisme et gongorisme apparut assez clairement dans la génération suivante si, comme le dit Saint-Évremond, « Malherbe s’est trouvé négligé quelque temps après comme le dernier des poètes, la fantaisie ayant tourné les Français aux énigmes, au burlesque et aux bouts-rimés ![1] ».


Nota. — Je dois remercier ici M. J. Vianey, le savant professeur de Montpellier, qui a bien voulu revoir ce chapitre, et qui ajoute les observations suivantes : « Si Malherbe ne perd jamais l’occasion de reprocher à Desportes ses plagiats quand il les reconnaît il en reconnait excessivement peu. Encore s’est-il trompé deux fois dans ses indications :

1o  Édition Lalanne, IV, p. 260. Il signale comme étant de Pétrarque le sonnet LXIII de Diane, liv. I. C’est une erreur. Ce sonnet est de Coppetta, comme l’a noté M. Flamini dans ses Studi :


Amor m’ha posto come scoglio a l’onda…
L’orgoglio onda, martello e’l duro affetto.

Ce vers semble avoir été très connu en Italie. Il figure dans un grand nombre d’anthologies. Malherbe, cependant, ne le connaît pas.

2o  Édition Lalanne, IV, 435. Il signale comme étant de Séraphin le sonnet XXII des Diverses amours :

Comme un chien que son maître à longtemps caressé.

Ce sonnet est de Bernardo Tasso :

Come lido animal, ch’al suo signore…

Il figure dans plusieurs anthologies, notamment dans les Fiori de Ruscelli. Cette imitation a été signalée dans les Rencontres des Muses de France et d’Italie de 1604 (opuscule que Malherbe ne semble pas avoir connu).

Il n’y a, à ma connaissance, chez Desportes que deux sonnets traduits du Séraphin :

  1. Œuvres de Saint-Évremond, t. V, p. 18. Cf. Jacques Demogeot, Tableau de la littérature française au XVIIe siècle avant Corneille et Descartes (Paris, Hachette, 1859), 2e  partie, chap. I.