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vers qui nous sont restés de son travail d’un demi-siècle, et qui furent faits en grande partie sur commande, « par petits morceaux, un vers d’un côté, un vers de l’autre[1] », nous présentent au moins la mise en œuvre méthodique, laborieuse, des idées, des souvenirs et des lectures de la première génération du XVIIe siècle. C’est un moyen de comprendre cette époque et ses sources d’inspiration que de rechercher quel milieu et quelles œuvres ont agi sur celui qui, dit-on, a soustrait la poésie française aux impressions changeantes et aux sentiments du poète, et, croyait-on, à l’imitation pédantesque. Avant d’étudier tout ce que Malherbe doit à l’antiquité et à la renaissance, nous examinerons d’abord quel était l’esprit de son pays natal et du monde où il vécut : il faut voir le sol avant la plante, et savoir quelle sève coulait dans le tronc où furent entées les palmes antiques et les fleurs d’oranger.

  1. Vigneul-Marville, cité dans Malherbe éd. Lalanne, t. I, p. XLVIII-XLIX. Cette façon de travailler explique tous ces « fragments » que comprend l’œuvre poétique de Malherbe : ce sont là de « petits morceaux » qui n’ont pas trouvé place dans les odes. V. aussi A. Albalat, Le travail du style enseigné par les corrections manuscrites des grands écrivains (1903), p. 170 et sq.