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Je n’avais pas dix ans quand la première flamme
Des beaux yeux d’Alcider s’alluma dans mon âme.
Il me passait d’un an, et de ses petits bras
Cueillait déjà des fruits dans les branches d’en bas[1].

Malherbe aussi trouvait dans l’Aminte d’abord les images et les idées qu’il avait déjà rencontrées chez les anciens, et qu’il goûtait peut-être mieux chez le Tasse, la malheureuse condition des amants[2], l’image de la violette à laquelle sont comparées les joues d’Aminte[3], les périls qui sont un attrait, ici « un condiment » de l’amour[4], et la gloire éternelle obtenue par l’amant :

Il suffit qu’en mourant dans cette flamme extrême
Une gloire éternelle accompagne mon nom[5].

  1. Cf. Aminta, acte I, scène II, v. 64 :

    Essendo io fanciulletto, sicche appena
    Giunger potea colla man pargoletta
    A corre i frutti dai piegati rami
    Degli arboscelli, intrinseco divenni
    Della piu vaga e cara verginella
    Che mai spiegasse al vento chioma d’oro

    Le même détail était du reste dans Virgile (Églogue VIII, 39, vers que citait volontiers Montaigne, Essais, I, 96) : voy. Arnould, Racan, p. 267. — Le nom de Tirsis de la Retraite se trouve aussi dans l’Aminte.

  2. Dura condizione degli amanti !

    Aminta, acte V, v. 23.
  3. Le belle guance tenere d’Aminta
    Iscolorite in si leggiadri modi,
    Che viola non e che impallidisca
    Si dolcemente.
    (Ibid., V).

  4. e dell’amor il dolce or gusta,
    A cui gli affanni scorsi ed i perigli
    Fanco suave e caro condimento
    (Ibid.).

  5. Malh., I, 21 ; cf. Aminta, acte III, chœur final :

    E cercando l’amor, si trova spesso
    Gloria immortale appresso.