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sonnet qui avait déjà été presque fait par Desportes[1] ; et tous les poètes français du XVIe et du XVIIe siècle, n’ayant ni le génie ni, souvent, le cœur de Pétrarque, ont voulu parler comme le Canzoniere ou les poètes qui en dérivent.

Malherbe parle italien presque aussi volontiers que latin : « Vedremo qual che ne seguira[2] » ; « staremo a veder. Ce sera pour demain que nous verrons o’l si, o’l no[3] ». « Il m’est souvenu d’un mot d’Italie : Chi vaol, vadi ; chi non vuol, mandi[4]. » Il connaît le style italien et la littérature italienne, sans en faire du reste grand cas ; dans une accumulation d’adjectifs, chez Desportes, il voit un « italianisme sans grâce[5] » ; il relève, dans son Commentaire, « un sonnet impertinent qui lui semble pris de Pétrarque[6] », une « sottise imitée de Pétrarque[7] », un « sonnet de Pétrarque, mal fait par lui et mal imité par Desportes[8] », une « imagination qui ne lui plaît point, quoiqu’elle soit de l’Arioste comme tout le reste de la plainte[9] », un « sonnet mot à mot traduit de l’italien, mais qui n’y vaut pas mieux qu’en français[10] », « une imagination bestiale prise d’Angelo Costanzo, mot à

  1. Sonnet pour mettre devant un Pétrarque (Diverses Amours, Desportes, p. 427). — Cf. Brunetière, Histoire de la littérature française classique, I, p. 11.
  2. Malh., III, 12.
  3. III, 285.
  4. IV, 56.
  5. IV, 312.
  6. IV, 260.
  7. IV, 308.
  8. IV, 470.
  9. IV, 377.
  10. Malh., IV, 328.