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M. Allais[1], d’après la première édition italienne, qui n’avait que 333 vers, un peu moins que l’adaptation française. Celle-ci comprend à peine un tiers[2] de stances originales, parmi lesquelles le début, où le poète se refuse gravement à chanter des histoires comme celle de Thésée et d’Ariane, et où il dédie son œuvre à Henri III avec des flatteries hyperboliques. La langue et les images de l’adaptateur, quand il ne suit pas son modèle, valent à peu près celles de Desportes, parfois moins. Il remplit son vers comme il peut, mettant « deux fois cinq »[3] pour « dix » ; il garde et parfois même amplifie les images les plus maniérées de l’italien, les yeux qui sont des arcs, les œillades qui sont des flèches[4], et les traits qu’il ajoute sont dans le goût des Italiens et des poètes français du temps[5], et parfois maladroits. Il

  1. Allais, Malherbe et la poésie française, p. 115 et sv.
  2. Exactement 21 (le poème de Malherbe comprend 66 stances de 6 vers).
  3. Vers 331. F. Wey (Histoire des révolutions du langage en France, 1818, p. 479 suiv.) a longuement parlé de la langue de Malherbe dans cette œuvre.
  4. Vers 52-54. Ce jargon, général du XVIe au XVIIIe siècle, se retrouve même dans Polyeucte (I, I) :

    Fuyez un ennemi qui sait votre défaut,
    Qui le trouve aisément, qui blesse par la vue,
    Et dont le coup mortel vous plait quand il vous tue.

  5. Là où le Tansille disait :

    Senza saper come
    Si pugna, eterne palme havran di guerra,


    Malherbe traduit :

    Leur salaire payé les services précède
    Premier que d’avoir mal ils trouvent le remède
    Et devant le combat ont des palmes au front (v. 232-4).