l’antiquité a souvent passé par la renaissance italienne avant de faire l’admiration de nos poètes, et à presque toutes les influences latines indiquées dans les pages qui précèdent, on trouverait facilement des intermédiaires italiens — comme aussi, du reste, des intermédiaires français, puisque les prédécesseurs de Malherbe avaient déjà dit à peu près tout ce qu’il a dit en vers.
Traduire les Italiens, à la fin du XVIe siècle, est presque aussi méritoire que traduire les anciens. Un poète d’alors ne croit pas faire œuvre inférieure en adaptant l’Arioste ou Pétrarque ; et les traductions du Roland furieux de Desportes n’ont pas valu à leur auteur moins de réputation et d’avantages que Diane et d’autres vers — imités du reste aussi, le plus souvent, de l’italien[1]. Malherbe fit comme les autres et, en Provence, il traduisit en vers français, pour l’offrir à Henri III, le poème du Tansille, Les larmes de Saint Pierre[2]. Le poème italien était fameux en Italie, en France et en Espagne : Cervantes, dans le Don Quichote, en place une stance — en traduction espagnole — dans la bouche d’un des personnages de la nouvelle du chapitre XXXIII (1er partie). Les Larmes de Saint Pierre sont le seul long poème que Malherbe ait composé, et encore l’a-t-il désavoué plus tard. Il l’a écrit, non pas, comme on l’a cru longtemps, d’après l’immense poème du Tansille (7 288 vers) dont il aurait choisi par ci par là, avec habileté, une strophe, mais bien, comme l’a montré