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Pline[1], qu’il recommandait un jour à un chercheur de sentences[2]. Properce, Pétrone et d’autres ont également exprimé l’ardeur et la gloire de la passion augmentées par les obstacles[3] ; Desportes et Bertaut la répètent à tout instant, ainsi que le dédain des « palmes communes » et des victoires sans péril sur lesquelles Corneille devait dire le dernier mot. Malherbe, en ce point, parle à peu près comme Bertaut.

Il parle très probablement d’après Claudien, dont « il admirait les panégyriques »[4], quand il fait dire par le dieu de Seine au maréchal d’Ancre :

La Fortune t’appelle au rang de ses victimes ;
Et le ciel accusé de supporter tes crimes
Est résolu de se justifier[5].


C’est par cette idée que Claudien commençait son poème contre Rufin[6] :

  1. Hist. nat., I (Préf.), II : Itaque etiam non assecutis, voluisse abunde pulcrum atque magnificum est.
  2. Malh., III, 1.
  3. Prop., IV, X, 3 et 4. Cette idée est aussi dans Ausone, que le vieux Daurat admirait tant, et que Ronsard a plus d’une fois imité (Ausone, Épigr. XXXIX). De même aussi que Malherbe a la confiance qu’il trouvera l’éloquence pour parler de Richelieu et de Louis XIII, Ausone avait dit (Préface) :

    Non habeo ingenium : Cæsar sed jassit : habebo.

  4. Lettres inédites de Balzac, dans Documents inédits pour servir à l’histoire de France. Mélanges historiques, choix de documents, t. I (1873), p. 723.
  5. Malh., I, 239.
  6. In Ruf., I ; notamment v. 12. Ce poème de Claudien contre Rufin est plus d’une fois cité par Montaige (Essais, II, 9, 11) ; Claudien est également cité ibid., II, 12, 27, 31, III, 8, 12. Dans Claudien se trouvait aussi cette comparaison du conquérant au torrent, qui se retrouve chez les Italiens, chez Ronsard, chez Garnier et chez Malherbe.