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Charente[1], attendant Louis XIII, et où il développe librement une fiction qu’avait déjà employée Ronsard, parlant de Mars[2], et qui était bien connue des poètes français. Malherbe a donc probablement suivi le conseil de Vauquelin, qui recommandait « les Argonautes », et il a aussi goûté chez Valerius Flaccus comme chez les autres poètes latins l’histoire de ces héros dont il se souvient si souvent. « Cette nymphe qui appelle Louis sur les bords de la rivière de Charente, dit Balzac, n’est-elle pas aussi belle pour le moins, que celle-ci qui appelle Jason sur les bords de la rivière de Phasis ?

… Tu sola animos, mentesque peruris,
Gloria : te viridem videt, immunemque senectæ
Phasidis in ripa stantem, juvenesque vocantem
[3]. »


Ce qu’il aurait fallu demander, et qu’oubliait parfois Balzac, c’est de savoir si Louis XIII n’était pas trop différent de Jason, et la Charente — plus souvent la Seine — du Phase.

Il y a chez Malherbe bien des fictions, parfois longuement développées, dont il n’est pas toujours possible de

  1. Certes, ou je me trompe, ou déjà la victoire
    Qui sur plus grand honneur de ses palmes attend,
    Est aux bords de Charente en son habit de gloire
    Pour le rendre content…


    (suit la description) Malh., I, 279-280. V. Sainte-Beuve. Nouveaux lundis, t. 13, p. 399, n. 3. Remarquons la curieuse admiration de Taine pour ce passage de Malherbe (v. H. Taine, sa vie et sa correspondance, t. II, p. 26).

  2. Ronsard, t. V, p. 78.
  3. Argon., I, Balzac, Entr. XXXI.