La lune est coutumière
De naître tous les mois ;
Mais quand notre lumière
Est éteinte une fois,
Sans nous plus réveiller
Faut toujours sommeiller[1] ».
Ménage[2] se demandait si Ronsard n’avait pas songé, en même temps qu’à Catulle, au damna tamen reparant cœlestia lunæ : qu’il suffise de constater qu’il arrive à Malherbe de traduire ses auteurs plus littéralement et plus péniblement que Ronsard.
À Valerius Flaccus on rattache depuis Balzac[3] le passage où Malherbe montre la victoire aux bords de
- ↑ G. Boissier, c. r. de la trad. de M. Eug. Rostand, Journal des Savants (1891) p. 412-3. Remarquons que les deux derniers vers de Ronsard (déjà cité par Ménage) étaient :
Sans nos yeux réveiller
Faut long-temps sommeiller.Voici la trad. de M. Rostand :
Vivons, ma Lesbie, aimons-nous,
Et traitons comme rien tous les propos jaloux
De la trop sévère vieillesse.
Le soleil meurt et reparaît sans cesse ;
Mais quand meurt notre flamme éphémère, il faut tous
Dormir de même une nuit éternelle. - ↑ o. c., p. 543 et sv.
- ↑ Balzac, Entretien XXXI. Dans son Entretien VIII, Balzac, qui s’est si souvent souvenu de Malherbe, se sert de la fameuse fiction : « Il vous semble que la Fortune vous appelle sur les bords de la Seine… »