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Pour exprimer la joie publique, l’Ode sur la prise de Marseille reprenait déjà une formule des Épigrammes :

Et quel Indique séjour
Une perle fera naître
D’assez de lustre pour être
La marque d’un si beau jour[1] ?

Malherbe a été plus habile en traduisant l’épigramme 40 du livre VI, que Marot avait déjà imitée, et que La Monnoie reprendra encore. Lycoris et Glycère sont devenues Jeanne et Anne[2], et l’adaptateur a retrouvé la verve de maître Clément et de Ronsard lui-même[3].

Tibulle avait parlé avec grâce de l’amour et des dieux, et plus d’un poète a rêvé d’aller, comme dit Ronsard,

Errer là bas sous le près de Tibulle
Errer là bas sous le bois amoureux[4].

Sans être aussi enthousiaste, Malherbe lit encore le

  1. Malh., I, 24.

    O nox omnis et hora quæ notata est
    Caris littoris Indici lapillis.

    Martial, X, 38.
  2. Malh., I, 243.
  3. Ronsard avait aussi traduit certains fragments de Martial (Rons., t. VI, p. 417).
  4. Ronsard, t. I, p. 40 (Sonnet LXVII). C’est même devenu une manie, et J. Du Bellay dira (Contre les Pétrarquistes) :

    Cestuy, voulant plus simplement aymer,
    Veult un Properce et Ovide exprimer,
    Et voudroit bien encor se transformer
    En l’esprit d’un Tibulle…

    (Du Bellay, éd. Marty-Laveaux, t. II, p. 336)