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prête répondait au rôle de défenseur d’Iphigénie, tandis qu’on aurait fort bien imaginé l’éloge du duc de Bellegarde sans un Achille danseur et dameret.

Comme toujours, Malherbe a pris trop à son modèle, et ce petit « Archémore » des Stances à Du Périer, qui importunait déjà Sainte-Beuve[1], est sorti de la Thébaïde : on ne préfère pas impunément Stace à Virgile.

Malherbe lisait aussi Martial : on en a conservé un exemplaire qu’il a annoté de sa main, et qui est maintenant la propriété de M. Sardou[2] : Raderi Matthei… ad Val. Martialis Epigrammaton libros omnes, Ingolstad 1611. Il a retenu les vers latins, et l’épitaphe qu’il composa pour sa cousine de Bouillon-Malherbe se termine par un souvenir de Martial :

Qui fles talia ne fleas, viator[3].

La pensée que rappelait cette fin d’épitaphe a été traduite par Malherbe et mise dans la bouche d’Étienne Puget :

Pleure mon infortune, et pour ta récompense
Jamais autre douleur ne te fasse pleurer[4].

  1. Nouveaux lundis, t. 13, p. 380.
  2. V. Bourdienne, Fr. de Malherbe, points obscurs de sa vie normande, p. 193.
  3. Malh., I, 361, et n. 1. Martial avait dit : Qui fles talia, nil fleas, viator. La paternité de l’épitaphe est aujourd’hui établie (Mémorial généalogique des Malherbe dressé par le comte de Blangy, Caen 1902).
  4. Malh., I, 224.