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Malherbe se souvient trop des héros, et il se souvient encore plus des dieux et de leurs aventures. Pour décrire la riante clarté du soleil levant, on dirait qu’il a cherché comme M. Jourdain les manières de le dire, et qu’il n’a trouvé rien de mieux que de se souvenir d’Apollon et d’un récit d’Ovide[1] :

On diroit, à lui voir sur la tête
Ses rayons comme un chapeau de fête,
Qu’il s’en va suivre en si belle journée
Encore un coup la fille du Pénée[2] :


cela dans une chanson — qui contient d’ailleurs de jolis vers — qui est le : « Mignonne, allons voir si la rose » de Malherbe. La mignonne Cassandre, en devenant « la merveille des belles » de Malherbe n’a donc pas désappris la mythologie. À Ronsard il était arrivé aussi, en parlant à Hélène, de se souvenir de

Celle qu’Apollon vid, vierge despiteuse,
En laurier se former[3] :


mais il ne la citait ainsi que pour mettre sa belle au-dessus d’elle, et quand « il priait » son amie, il utilisait plus à propos les vers latins en reprenant lui-même, comme note Muret, « les propos que tient Apollon à Daphné en Ovide » :

Au moins escoute, et ralente tes pas :
Comme veneur je ne te poursuy pas[4]

  1. Métam., I, où Daphné est appelée Pencia et Nympha Peneis.
  2. Malh., I, 226. Ce n’est que depuis Saint-Marc que cette pièce est ajoutée aux œuvres de Malherbe.
  3. Ronsard, I, 384.
  4. Ronsard, I, 91 et n. 2.