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d’après le densentur funera d’Horace[1]. Chez lui comme dans les Épodes[2]

Le centième Décembre a les plaines ternies[3],


et « nos pâturages

Battus depuis cinq ans de grêles et d’orages[4] »


se ressentent sans doute du Jam satis terris nivis atque dirae grandinis[5] et des verberatae grandine vineae[6] que Montaigne citait quand il avait à parler des désagréments que lui causaient les intempéries[7]. Enfin Malherbe reprend à Horace l’image de la lune qui brille au milieu des étoiles pour l’appliquer à Marie de Médicis[8]. Les expressions heureuses d’Horace ont frappé tous les classiques, et Racine s’en servira avec adresse pour créer « mourir tout entier » d’après le non omnis moriar, et d’autres tournures brillantes. À ce point de vue, Malherbe continue donc une tradition qui devait encore se développer après lui.

En général, Horace, qui était, si l’on peut ainsi dire, le plus français des poètes classiques, et aussi « celui que

  1. Odes, l. I, XXVIII, 19.
  2. Hic tertius December, ex quo destiti
    Inachia furere, silvis honorem decutit

    (Épodes, XI, 5 et 6).
    December pour l’année Ep. I, xx, 27
  3. Malh., I, 278.
  4. Malh., I, 229.
  5. Odes, l. I, II.
  6. Odes, III, I, 29.
  7. Essais, III, chap. 9.
  8. Malh., (I, 211) allonge cette comparaison en périphrasant longuement « les étoiles ».