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et quand, dans ses Larmes sur la mort de la même jeune fille, il rappelait

La sucrée Ambroisie et le nectar miéleux[1].

Mais le poète de Henri IV est resté toute sa vie un écolier en ce point ; et il dit encore de son roi mort :

… Henri de qui la gloire
Fut une merveille à nos yeux,
Loin des hommes s’en alla boire
Le nectar avecque les dieux[2].

Il avouait, nous apprend Balzac, qu’en faisant ces quatre vers il avait visé à ceux d’Horace :

Quos inter Augustos recumbens
Purpureo bibit ore nectar[3].

Malherbe ne trouvait pas de paroles pour parler du ciel, pas plus que pour parler de la nature ; il jugeait avec une admirable raison le monde et la fragilité de la vie : pour s’élever plus haut il en était réduit à copier ses auteurs, jusque dans les détails les moins appropriés à la pensée française. À force de lire les mores aureos et images analogues, il parle de « l’or de cet âge vieil », en quoi Ménage lui-même reconnaît qu’« il n’est pas à imiter[4] »; comme Ronsard il dit « les meurtres épais[5] »

  1. Ibid., p. 45.
  2. Malh., I, 183. Cf. Balzac, Entretien XXXI.
  3. Odes, l. III, III, 11 et 12.
  4. O. c., p. 535.
  5. Malh., I, 150. Ronsard, VII, 64.