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quelques pas de Rita qui ne s’éveilla pas.

Un jeune homme bien mis en descendit. Faisons sa connaissance.

Un jeune homme de vingt-deux ans grand et svelte, à la figure énergique au regard intelligent, répondant au nom de Jacques, travaillant pour une agence de détectives dont son père en était le chef.

En voyant Rita, le jeune homme avait cru à un accident de machine qui était repartie aussitôt comme la chose se produit si souvent malheureusement, laissant sa victime sur le bord de la route.

Mais il se détrompa bien vite lorsqu’il fut près d’elle et croyant avoir devant lui une fille de rien, l’interpella en poussant rudement du pied.

— Levez-vous, vous allez attraper votre coup de mort.

Réveillée en sursaut, elle laissa échapper un cri de surprise mêlé de terreur et se levant aussitôt elle recula de quelques pas. Elle darda sur lui son regard de diamant noir. Don qu’elle avait hérité de sa mère. Et la crainte éprouvée au début se dissipa en lisant sur la figure de Jacques une sympathie qui allait de plus en plus croissante à mesure que se poursuivait l’étude qu’il faisait de sa personne.

Jacques avait remarqué au début qu’elle était belle, d’une beauté rare de fleur de neige. Car le sang paternel de cet Allemand blond mêlé à celui de sa mère fraîche fille de rentier, d’une beauté peu commune avait fait d’elle une petite fée. Et la terne cotonnade dont elle était vêtue lui donnait des airs de petite princesse déchue, et sa beauté brillait dans cette pauvrette comme une perle dans la cendre. Toutes ces observations furent faites en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. La bonté et la chasteté qui se reflétaient sur cette figure mignonne éveillèrent en Jacques le désir de s’intéresser au sort de cette pauvre petite malheureuse qui n’avait plus que la route pour chaumière et c’est d’une voix chaleureuse et sympathique qu’il lui dit.

— Excusez-moi mademoiselle de vous avoir abordé si brutalement et s’il m’était possible de réparer ce manque de délicatesse de ma part, je serais très heureux de pouvoir vous venir en aide.

— Loin de me devoir des excuses Monsieur, je vous dois des remerciements pour m’avoir éveillé car vous me prévenez sûrement d’une maladie qui aurait pu me coûter la vie. Mais pour ce qui est de votre aide, permettez-moi de l’accepter comme un noyé accepte une bouée de sauvetage. Je vous demanderais donc s’il vous est possible de m’indiquer un endroit où je pourrais avoir du travail.

— Si vous voulez monter avec moi je vais à Montréal, nous aurons sûrement plus de chance de trouver là ce que vous cherchez.