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par ce qu’il lisait, lui arracha des mains le papier pour y lire :

Thérèse.
Si tu ne viens pas à moi j’irai à toi.

Thérèse ne pouvant pas en croire ses yeux qui lui révélaient une intention dont elle n’aurait cru Walter capable.

L’auteur du billet avait écrit en lettres moulées à la main, espérant d’enlever à la justice la chance de le découvrir. Pierre fit parvenir le billet à l’agent détective qui était en charge de la cause et celui-ci envoya quelques-uns de ses hommes afin que tous fussent en sécurité au Château.

Les hommes furent placés de manière et avec ordre de saisir mort ou vivant toute personne qui chercherait à s’introduire dans le Château.

La nuit venue serviteurs et quelques hommes de police guettaient d’un œil vigilant l’endroit où était caché celui qui avait annoncé sa venue.

CHAPITRE
IV
LUCILLE

Après l’enlèvement de Lucille on simula si bien les choses qu’aucun soupçon ne vint effleurer les gens de sa région sur l’arrivée de cette fillette qu’on croyait réellement la fille de Louise. On changea pour plus de précautions le nom de Lucille en celui de Rita. (C’est donc sous ce nom que nous connaîtrons Lucille par la suite.) On éleva Rita, car Louise qui aimait beaucoup les enfants ne voulut jamais s’en séparer quoiqu’en disait son mari, et l’instinct de mère se développa tellement en elle qu’elle aurait été prête à tous les sacrifices pour elle.

Tant que Louise vécut Rita fut heureuse, non pas du côté d’Alfred car il n’avait aucun égard pour elle et il cherchait souvent à lui faire un mauvais parti, surtout lorsqu’il arrivait en boisson. (Ce qui lui arrivait souvent.) Mais en revanche elle était certaine de trouver en Louise une protectrice qui savait la protéger dans ses moments critiques. Elle lui témoignait tant d’affection qu’elle oubliait les duretés qu’Alfred ne manquait pas de lui faire endurer.

Mais cette protection ne devait pas durer toute sa vie durant car à peine venait-t-elle d’avoir ses dix-sept ans que Louise minée par une maladie qui ne pardonne pas, mourut la laissant seule avec cet homme qui n’avait aucunement l’amour du travail. Il s’était laissé vivre par sa femme ne travaillant que pour satisfaire son ivrognerie