Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’approvisionnement européen se trouva à peu près complété, quoique à des prix extrêmement élevés.

Mais les contrées qui fournissaient ainsi le coton n’étaient pas, comme les États-Unis d’Amérique, de grands centres de consommation pour les produits européens ; il fut donc impossible de solder en marchandises les importations de coton, et l’on dut expédier en numéraire des sommes considérables, dont l’importance détruisit temporairement, sur les marchés monétaires européens, l’équilibre entre les ressources disponibles et les besoins. Ce mouvement anormal des métaux précieux a été, sans contredit, la cause la plus puissante de la rareté des capitaux disponibles et, par suite, de l’élévation exceptionnelle du taux de l’escompte durant les deux années 1863 et 1864.

À cette cause est venu s’ajouter un deuxième élément, qui a exercé également une action manifeste sur la cherté de l’argent ; nous voulons parler du développement continu des grandes entreprises industrielles dans l’Europe tout entière. On doit encore tenir compte des emprunts d’États, si nombreux pendant cette période. Les États-Unis, pour poursuivre la guerre civile, ont emprunté des sommes considérables, dont une partie a été fournie par l’Europe. Un grand nombre d’États européens et diverses puissances musulmanes ont aussi eu recours au crédit pendant les deux années qui nous occupent.

Ainsi, trois ordres de causes : le déplacement de la production du coton ; le développement continu des entreprises financières et industrielles ; les emprunts d’États ; tels sont les grands éléments qui ont agi sur le marché monétaire durant une période qui restera dans les annales du commerce comme la démonstration la plus éclatante des ressources prodigieuses que possèdent les marchés monétaires du monde moderne, et en particulier ceux des deux grands pays européens, la France et l’Angleterre.

Un seul des trois éléments de hausse de l’intérêt que nous venons d’indiquer aurait suffi pour produire des résultats considérables, et quand on réfléchit que tous les trois ont agi simultanément et sur