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rétablissement de la paix, en ouvrant un nouveau champ aux entreprises commerciales, multiplierait, au lieu de les restreindre, les demandes d’escompte faites à la Banque, et il serait particulièrement dommageable pour le monde commercial de voir la Banque restreindre soudainement et notablement ses émissions. C’est pourquoi votre Commission pense que, même si la paix se faisait, il faudrait donner deux ans à la Banque pour reprendre ses payements en espèces ; mais dans le cas où la guerre continuerait, les payements devraient être repris dans ce délai.

Votre Commission n’est pas restée indifférente à cette considération qu’il pouvait se produire des circonstances politiques qui pourraient être considérées comme un argument en faveur d’une certaine prolongation de la période proposée pour reprendre les payements en espèces ou même en faveur d’une nouvelle loi pour leur suspension temporaire après que la Banque les aura repris. Votre Commission est loin cependant de songer à la nécessité de revenir, dans aucun cas, au système actuel. Mais si l’on pouvait supposer qu’il pût jamais se produire une occasion de recourir à une nouvelle mesure de suspension à une époque quelconque, votre Commission pense qu’elle ne pourrait jamais à aucun degré être fondée sur l’état des changes avec l’étranger (que la Banque a un pouvoir général de contrôler ainsi qu’elle l’a surabondamment démontré), mais bien sur un état de choses politique produisant, ou capable de produire bientôt, une panique intérieure ayant pour effet de provoquer une demande d’espèces, pour les besoins privés, telle qu’aucun établissement de banque ne pût y suffire. Au point de vue de la dépréciation extraordinaire des changes qui a eu lieu récemment et de l’élévation du prix de l’or, un retour au système ordinaire de la Banque est particulièrement réclamé. C’est le seul moyen de rétablir la confiance générale dans le médium de circulation du royaume ; et l’attente sérieuse de cet événement donnera de la force à une réduction préparatoire de la quantité de papier et à toutes les autres mesures qui s’accordent avec les vrais principes de la Banque.

La connaissance de l’époque à laquelle la Banque sera obligée de reprendre ses payements peut être considérée comme devant contribuer à l’amélioration des changes ; tandis qu’une prorogation de ce délai, aussi indéfinie que celle de six mois après la fin de la guerre, et spécialement dans l’hypothèse où le change continuerait à baisser (ce que l’on comprendrait de plus en plus comme étant la conséquence d’un excès de papier et de la dépréciation qui en est la suite), pourrait