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pense qu’on rencontrera quelques difficultés, et qu’il y a quelques dangers éventuels pour la Banque, contre lesquels il faut se prémunir très-fortement et avec le plus grand soin. Mais on peut se prémunir contre tous les dangers en confiant au discernement de la Banque elle-même le soin de conduire et de mener à fin l’opération et en lui accordant pour cela un délai amplement suffisant pour la terminer. Votre Commission est assurée que le Parlement peut confier en toute sûreté au discernement, à l’expérience et à l’intégrité des directeurs de la Banque ce qu’il croira nécessaire de faire ; et que les directeurs de cette grande institution, au lieu de faire cause commune avec ceux qui ont un intérêt passager à répandre l’alarme, s’inspireront de considérations plus élevées au point de vue des intérêts de la Banque comme étant intimement liés à ceux du public. La manière particulière de reprendre peu à peu les payements en espèces, doit être, en grande partie, selon votre Commission, laissée à l’appréciation de la Banque, et le Parlement n’a guère autre chose à faire qu’à fixer définitivement l’époque à laquelle les payements en espèces redeviendront, comme autrefois, obligatoires. Le délai accordé doit être large, afin que les directeurs de la Banque aient le temps de trouver leur voie et que, étant toujours en éveil sur les circonstances qui peuvent les guider, et, profitant seulement des circonstances favorables, ils puissent doucement rétrograder et sauvegarder à la fois leurs propres affaires comme compagnie et celles du crédit public et commercial, qui n’est sûr que lorsqu’il n’éprouve aucun embarras.

Dans cette pensée, votre Commission voudrait ajouter que la suspension des payements en espèces ne peut être abrogée dans un délai plus court que deux ans à dater d’aujourd’hui ; mais votre Commission pense que le Parlement peut dès à présent prendre des mesures pour faire cesser, à la fin de cette période, l’effet des statuts qui ont imposé et maintenu la suspension.

En indiquant cette période de deux ans, votre Commission n’a pas perdu de vue cette circonstance que, avec la loi telle qu’elle est à présent, la Banque serait amenée à payer en espèces six mois après la ratification d’un traité de paix définitif ; de sorte que, si la paix était conclue dans ce délai, la recommandation de votre Commission semblerait avoir pour effet de reculer au lieu d’avancer la reprise des payements en espèces. Mais elle pense que si la paix devait être immédiatement signée, dans l’état actuel de notre circulation, il serait très-hasardeux de forcer la Banque à payer en espèces dans les six mois, et cette mesure serait absolument impraticable. Sans doute, le