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combien il est impossible, d’après le montant numérique du papier seul, de décider s’il est excessif ou non : on doit avoir recours à un critérium plus sûr que votre Commission a déjà signalé et qu’on ne trouve que dans l’état des changes et le prix de l’or en lingots. Les circonstances particulières des deux années qui sont si remarquables dans l’histoire récente de notre circulation, 1793 et 1797, jettent une grande lumière sur le principe que votre Commission vient d’établir.

En l’année 1793, la détresse fut occasionnée par un manque de confiance dans la circulation de la province et, comme conséquence, par une affluence de demandes qui se porta sur celle de Londres. La Banque d’Angleterre ne pensa pas pouvoir élargir le cercle de ses émissions pour faire face à cette demande croissante, et les billets, émis antérieurement à la panique, circulant moins librement à cause de cette panique se trouvèrent insuffisants pour les payements nécessaires. Au milieu de cette crise, le Parlement appliqua un remède très-semblable, dans son effet, à une augmentation des avances et des émissions de la Banque ; il autorisa à prêter des bons de l’Échiquier à tous les commerçants qui en réclameraient, moyennant une garantie sérieuse ; et la confiance que cette mesure répandit ainsi que les facilités plus grandes qu’elle donnait pour obtenir des billets de Banque par la vente des bons de l’Échiquier, firent rapidement cesser la détresse de Londres et de la province. Sans émettre une opinion sur la convenance de la manière particulière dont cette opération fut accomplie, votre Commission pense que c’est là une démonstration importante de ce principe qu’une augmentation dans les avances est le vrai remède contre ce manque accidentel de confiance dans les districts de province, auquel notre système de circulation de papier est inévitablement exposé.

Les circonstances qui se produisirent au commencement de l’année 1797 furent les mêmes que celles de 1793 ; une crainte d’invasion, une affluence de demandes aux Banques de province pour avoir de l’or, la faillite de quelques-unes d’entre elles, et une affluence de demandes à la Banque d’Angleterre, produisant une crise comme celle de 1793, et contre laquelle peut-être on aurait pu trouver un remède, si la Banque d’Angleterre avait eu le courage d’étendre, au lieu de restreindre ses avances et ses émissions de billets. Quelques personnes en petit nombre étaient alors de cet avis, ainsi qu’il résulte du rapport du comité secret des Lords ; et le dernier gouverneur et le sous-gouverneur de la Banque ont déposé devant votre Commission qu’eux-mêmes et beaucoup de directeurs sont maintenant convaincus