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sives de la Banque, si le taux de l’escompte était réduit de 5 à 4 et même à 3%. Cependant il résulte de la déposition du dernier gouverneur et du sous-gouverneur de la Banque que, bien que proclamant très-haut le principe qu’il ne peut pas y avoir d’excès dans leur circulation si elle est émise d’après les règles qui président à leurs escomptes, cependant ils écartent cette opinion que dans leur conduite ils poussent ce principe jusqu’à ses dernières conséquences. Quoiqu’ils aient dit que les demandes d’escompte de billets réguliers étaient leur seul critérium de la rareté ou de l’abondance, ils ont néanmoins fait entendre à votre Commission qu’ils n’accordaient pas l’escompte dans la proportion de toutes les demandes. En d’autres termes, les directeurs ne poussent pas à l’extrême l’application du principe qu’ils représentent comme étant parfaitement sain et sûr, et l’on doit, par conséquent, les considérer comme ne possédant pas une règle distincte et certaine pour guider leur conduite dans le contrôle du montant de leur circulation.

La suspension des payements en numéraire a eu pour effet de confier aux mains des directeurs de la Banque d’Angleterre, pour être exercée à l’aide de leur seul discernement, la charge importante de fournir au pays la quantité de médium de circulation qui est exactement proportionnée aux besoins du public. Dans l’opinion de votre Commission, c’est une mission qu’il serait déraisonnable de croire que les directeurs de la Banque sont capables de remplir. La connaissance la plus approfondie du commerce actuel de notre pays combinée avec la science profonde de tous les principes qui régissent la monnaie et la circulation ne suffirait pas pour rendre un homme ou un conseil d’hommes capables d’établir et de maintenir toujours une juste proportion entre le médium de circulation d’un pays et les besoins du commerce. Lorsque la monnaie consiste uniquement en métaux précieux ou en papier convertible à volonté en métaux précieux, le cours naturel du commerce, en établissant les changes entre les différents pays du monde, établit dans chaque pays en particulier, la proportion entre le médium de circulation et les besoins actuels du pays, d’après cet approvisionnement de métaux précieux que les mines fournissent au marché général du monde entier. La proportion, qui est ainsi établie et maintenue par l’effet naturel du commerce, ne peut être établie par aucune prudence ni par aucune science humaine. Si le système naturel de monnaie et de circulation était abandonné pour y substituer une émission discrétionnaire de monnaie de papier, ce serait une erreur de croire qu’on pourrait fixer