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d’une telle addition à la masse est de diminuer la valeur relative de toute portion donnée de cette masse en comparaison des autres denrées. Si les additions étaient faites par des billets convertibles en espèces, cette diminution de la valeur relative d’une portion donnée de la messe tout entière ferait rapidement rapporter à la Banque qui a émis les billets, une quantité égale à l’excès produit. Mais si, par l’effet de la loi, les billets ne sont pas convertibles, évidemment cet excédant ne reviendra pas à la Banque ; il restera dans le canal de la circulation, jusqu’à ce qu’il soit de nouveau donné à la Banque en payement pour acquitter les valeurs escomptées à l’origine. Pendant tout le temps qu’ils restent dehors, ils jouent le rôle de médiums de circulation, et avant de revenir pour payer les billets escomptés, ils ont déjà été suivis d’une nouvelle émission de billets pour une semblable opération d’escompte. Chaque avance successive donne lieu is la même opération. Si la somme totale des escomptes se maintient à un montant donné, il restera d’une manière permanente dans la circulation une somme de papier correspondante, et si le montant des escomptes s’accroît progressivement, le montant du papier qui reste dans la circulation, dans une proportion bien plus élevée que ne l’exigent les besoins du public, s’accroîtra aussi, et le prix en monnaie de toutes les denrées s’accroîtra progressivement. Ce progrès peut être aussi indéfini que l’essor de la spéculation et de l’esprit d’entreprise dans un grand pays commercial.

Il est nécessaire de faire remarquer que la loi, qui dans notre pays limite le taux de l’intérêt, et, par suite, le taux auquel la Banque peut escompter légalement, expose la Banque à des demandes plus étendues encore d’escomptes commerciaux. Lorsque le taux du profit commercial est beaucoup au-dessus de 5%, comme il l’a été dernièrement dans beaucoup de branches de notre commerce extérieur, il n’y a en fait aucune limite aux demandes que les commerçants, ayant un capital parfaitement solide et un esprit d’entreprise très-prudent, peuvent être tentés de faire à la Banque pour obtenir les facilités de l’escompte. Aucun argument, aucune preuve ne saurait mieux faire ressortir à quel degré les directeurs de la Banque qui ont été interrogés semblent avoir, en théorie, embrassé la doctrine sur laquelle votre Commission a fait ces observations, aussi bien que les conséquences pratiques auxquelles peut mener cette doctrine, dans les temps où est très-développé l’esprit des entreprises commerciales, que l’opinion exprimée par M. Whitmore et M. Pearse : à savoir que le public aurait une aussi complète garantie contre les émissions exces-