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velle et les mesures de précaution à prendre contre le dommage qui pouvait en résulter pour l’intérêt public étaient du domaine, moins de la Banque que de la législature. Et, dans l’opinion de votre Commission, il y a sujet de regretter que la Chambre n’ait pas cherché plus tôt à se rendre compte de toutes les conséquences de cette loi.

La plus importante de toutes ces conséquences, sans contredit, est que, tandis que la convertibilité en espèces n’existe plus comme un frein mis à une émission excessive de papier, les directeurs de la Banque n’ont pas compris que l’éloignement de ce frein a rendu possible une émission excessive par l’escompte de billets parfaitement bons. Votre Commission a démontré que, loin de le comprendre, ils soutiennent la doctrine opposée avec la confiance la plus grande, bien qu’ils l’aient dans certaines occasions modifiée par quelques-unes de leurs expressions. Votre Commission ne doute pas un instant que cette doctrine ne soit des plus captieuses. Le sophisme sur lequel elle repose consiste dans ceci qu’on ne fait pas de distinction entre les avances de capital faites aux commerçants et une addition supplémentaire de monnaie faite à la masse générale du médium de circulation. Si on considère seulement les avances de capital comme faites à des gens prêts à l’employer en entreprises judicieuses et productives, il est évident qu’il n’est pas besoin qu’il y ait d’autre limite au montant total des avances que celle que peuvent imposer les moyens du prêteur et sa prudence dans le choix des emprunteurs. Mais, dans la situation actuelle de la Banque, investie qu’elle est du soin d’approvisionner le public de cette monnaie de papier qui forme la base de notre circulation et n’étant pas en même temps soumise à l’obligation de convertir le papier en espèces, toute avance de capital qu’elle fait aux marchands sous la forme d’escompte devient aussi une addition à la masse du médium de circulation. Dans le premier cas, lorsque l’avance consiste en billets donnés pour l’escompte d’une valeur, c’est indubitablement autant de capital, autant de pouvoir de faire des achats placé entre les mains du négociant qui reçoit les billets, et autant ces mains offrent de garanties, autant l’opération, même dans ce premier degré, est utile et productive pour le public. Mais aussitôt que la portion de médium de circulation qui a servi à faire cette avance accomplit dans les mains de celui auquel elle a été faite son premier rôle comme capital, aussitôt que les billets sont échangés par lui contre quelque autre article qui est un capital, elles se mêlent au canal de la circulation comme autant de médiums de circulation et forment une addition à la masse de la monnaie. L’effet certain