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actuellement la conduite des directeurs, c’est-à-dire aussi longtemps que l’escompte des effets de commerce est limité à du papier d’une solidité indubitable, ayant pour origine des transactions commerciales réelles et payable à une échéance courte et déterminée. Que l’escompte doive être fait seulement sur des billets provenant de transactions commerciales réelles et venant à échéance dans une courte période et à une date fixe, voilà un principe judicieux et bien établi. Mais que, lorsque la Banque ne paye plus en espèces, il n’y ait besoin d’autre limite à l’émission de son papier que celle qui est déterminée par les règles de son escompte et que pendant la suspension des payements en espèces l’escompte de bonnes valeurs échéant à de courtes périodes ne puisse avoir pour conséquence aucun excès dans le montant de la circulation fiduciaire de la Banque, voilà ce qui semble être à votre Commission un principe erroné et plein de conséquences dangereuses dans la pratique.

Mais votre Commission, avant de faire sur cette théorie les observations qu’elle lui paraît motiver, pense qu’il convient de vous montrer, d’après les résultats de l’Enquête, jusqu’à quel point cette théorie est soutenue par des hommes qui ont été à la tête des affaires de la Banque. L’opinion de ces hommes pourrait avoir une grande influence pratique ; et de plus, votre Commission la considère comme la meilleure démonstration de la ligne de conduite suivie par cet établissement dans l’exercice de ses fonctions.

M. Whitmore, le dernier gouverneur de la Banque, dit expressément : « La Banque ne fait jamais entrer de force un billet en circulation, et il ne restera jamais dans la circulation un billet de plus que ce que réclament les besoins du public ; car je présume qu’aucun banquier ne gardera par-devers lui un stock de billets de banque plus considérable que ne l’exigent ses payements immédiats, puisqu’il peut toujours s’en procurer à un moment donné. » Cette raison est plus particulièrement expliquée par M. Whitmore, lorsqu’il dit : « Les billets de banque nous seraient retournés s’il y avait surabondance dans la circulation, parce que personne ne voudrait payer un intérêt pour un billet dont il n’aurait pas l’emploi. » M. Whitmore dit plus loin : « Le critérium à l’aide duquel je juge de l’exacte proportion qui doit être maintenue entre les besoins du public et les émissions de la Banque, c’est d’éviter autant que possible d’escompter un papier qui ne paraît pas être un vrai papier de commerce. » Et plus loin, lorsqu’on lui demande quel moyen le conseil des directeurs a de juger si la quantité de billets en circulation est excessive ?