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Avec le système actuel, le premier de ces remèdes peut être considéré comme de plus en plus inefficace, parce que les guinées en circulation, même actuellement, sont évidemment en trop petit nombre pour servir à une remise d’espèces de quelque importance ; aussi la réduction du papier semble-t-elle être le principal, sinon le seul correctif auquel on puisse avoir recours. C’est seulement quelque temps après que la Banque aura repris ses payements en espèces, que les deux remèdes pourront être de nouveau employés comme dans toutes les occasions antérieures à la suspension des payements en espèces.

Votre Commission ne peut pas s’empêcher de déclarer que telle est son opinion, après avoir mûrement réfléchi à cette partie de son sujet, à savoir que c’est une grande erreur pratique que de croire que les changes avec les pays étrangers et le prix des métaux précieux ne sont pas susceptibles d’être influencés par le montant d’une circulation de papier émis sans la condition du payement en espèces à la volonté du porteur. Que les changes soient abaissés et le prix des métaux précieux relevé par une émission successive de ce papier, ce n’est pas seulement un principe établi par les autorités les plus éminentes en matière de commerce et de finance ; c’est encore une vérité pratique, démontrée par l’histoire de presque tous les États qui, dans les temps modernes, ont eu recours à une circulation de papier, et, dans tous ces pays, les hommes d’État se sont servis de ce principe comme du meilleur critérium pour juger si cette circulation était ou n’était pas excessive.

Dans les circonstances les plus connues de l’histoire des pays étrangers, l’excès du papier a été ordinairement accompagné d’un autre phénomène qui ne se produit pas dans notre situation présente : c’est le manque de confiance dans la suffisance des fonds sur lesquels le papier avait été émis. Partout où ces deux choses l’excès de papier et le manque de confiance seront réunies, elles agiront ensemble et produiront leur effet beaucoup plus rapidement que lorsqu’il y a seulement excès d’un papier d’une valeur parfaitement bonne ; et, dans les deux cas, un effet du même genre se produira à la fois sur les changes étrangers et sur le prix des métaux précieux. Les exemples les plus remarquables du premier cas se trouvent dans l’histoire de la circulation de papier des colonies anglaises de l’Amérique du Nord dans la première partie du siècle dernier et dans l’histoire des assignats de la république française : exemples auxquels votre Commission a pu en ajouter un autre, presque aussi remarquable il est tiré des spéculations monétaires du gouvernement