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double effet doit être attribué à une même et unique cause, cette cause ne peut être trouvée que dans l’état de la monnaie qui circule dans notre pays.

Votre Commission pense qu’il n’est pas sans utilité de fixer plus particulièrement les principes qui, selon elle, régissent les prix relatifs de l’or en lingots et de l’or monnayé aussi bien que du papier circulant à sa place et échangeable contre lui. Elle ne saurait mieux aborder son sujet, qu’en exposant les principes et les règles simples sur lesquelles repose l’opération du monnayage à la Monnaie du roi. Le but est de garantir au peuple un étalon d’une valeur déterminée, en imprimant une empreinte, sous l’autorité du roi, sur les pièces d’or, qui sont certifiées ainsi être d’un poids et d’un degré de fin déterminés. L’or en lingots est l’étalon auquel le législateur a voulu que la monnaie fût rendue conforme, et avec lequel elle fût identifiée autant que possible. Et si cette intention du législateur était complétement remplie, la valeur de l’or monnayé serait précisément la même, par rapport aux autres produits, que celle qu’il aurait eue s’il était resté sous la forme de lingots ; mais cette valeur est sujette à quelques petites fluctuations.

En premier lieu, il y a une certaine dépense occasionnée par la conversion des lingots en monnaie. Ceux qui envoient des lingots pour les faire monnayer, et chacun en a la faculté, bien qu’ils ne soient imposés d’aucun droit de seigneuriage, encourent cependant une perte d’intérêt proportionnelle au temps pendant lequel l’or est retenu à la Monnaie. Cette perte, jusqu’à ce jour, peut être évaluée à £1 pour £100 : mais il est à présumer que les perfectionnements du système adopté à la nouvelle Monnaie abrégeront à la fois la durée de ce séjour et la perte qui en est la conséquence. Ainsi se trouve déterminée la limite, ou à peu près, de l’élévation possible de la valeur de l’or monnayé au-dessus de celle de l’or en lingots ; car supposer que l’or monnayé pourrait, par une cause quelconque, dépasser de beaucoup cette limite, ce serait admettre qu’il y aurait un grand profit à faire dans une transaction qui n’offre aucun risque à courir et où tout le monde peut s’engager.

Voici maintenant deux circonstances réunies qui expliqueront la dépression de la valeur de la monnaie par rapport au prix des lingots et qui feront voir quelle a dû en être la limite avant 1797, époque de la suspension des payements en numéraire par la Banque d’Angleterre. D’abord, la monnaie, après avoir été mise en circulation, a graduellement perdu de son poids par l’usure, et, si