Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est dans ce but que votre Commission a appelé devant elle un certain nombre de commerçants recommandables par l’importance de leurs affaires et l’étendue de leurs relations, pour avoir leur opinion sur la cause du haut prix de l’or et du peu d’élévation des taux du change.


I.


On verra par les dépositions que l’élévation du prix de l’or est attribuée entièrement, par un grand nombre de témoins, à une rareté de cet article, qui serait la conséquence d’une demande exceptionnelle sur le continent européen. Cette demande exceptionnelle de l’or sur le continent aurait, selon quelques-uns, pour cause principale, les besoins des armées françaises, et à cette cause viendraient se joindre cet état d’anxiété et ce manque de confiance qui poussent à la thésaurisation.

Votre Commission est d’avis que, dans l’état naturel et normal de la circulation dans la Grande-Bretagne, dont l’or est le fondement, une demande excessive de l’or, venant de toutes les parties du monde, quelque grande qu’elle soit et de quelque cause qu’elle procède, ne peut point avoir pour effet de produire chez nous, pour une longue période de temps, une élévation sensible dans le prix de l’or sur le marché. Mais avant d’exposer les fondements sur lesquels repose cette opinion générale, votre Commission désire vous faire connaître quelques autres raisons qui, à elles seules, l’auraient fait douter si, en fait, une demande de l’or, telle que celle que l’on a mise en avant, a pu produire les résultats qu’on lui attribue.

S’il y avait, sur le continent, une demande de l’or exceptionnelle et de nature à influencer sa valeur vénale dans notre pays, cette demande influencerait aussi, et avant tout, sa valeur vénale sur les marchés du continent. Aussi devait-on s’attendre que ceux qui attribuaient l’élévation du prix de l’or chez nous à une demande considérable de la part de l’étranger étaient prêts à établir qu’il y avait chez l’étranger une élévation de prix correspondante. Cependant ils n’ont appuyé leurs conclusions d’aucun fait de cette nature ; et, autant que votre Commission a pu le constater, il ne parait pas que durant la période pendant laquelle le prix de l’or en lingots allait toujours croissant chez nous, par rapport à sa contre-valeur en papier de notre pays, il y ait eu aucune hausse correspondante dans le prix de l’or en lingots sur les marchés du continent.