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devient pas vertu par sa durée, mais seulement une plus longue passion. Elle m’a dit cent choses de la même force ; je suis à bout, je vous demande secours. Comment vous pourrais-je secourir, répondit-il à Philidor, Eléonore a toutes mes forces de son côté. Elle vous a découvert la source d’une erreur, qui est commune parmi les hommes, de prendre pour une passion ce qui est souvent, ou une vertu, ou un vice, faute de savoir la nature et le nombre des passions. Tout cela, ajouta-t-il, est expliqué en deux tables. Il prit le livre qui était sur un guéridon ; et ayant cherché la table des passions, il la donna à lire à Philidor. Comment ! dit Philidor, est-ce là tout ce qu’on peut dire des passions, de tous ces mouvemens impétueux qui nous agitent dans la vie ! Certainement voilà une grande mer renfermée dans un espace bien étroit. Vous travaillez admirablement en petit. Quoi ! il n’y a qu’une ligne pour l’amour ! voilà une divinité bien serrée. Si c’est assez d’une ligne pour fournir à tous les amans,