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Il me vint voir quelque temps après, comme il m’avait promis. J’achetai certains livres qu’on appelle des tables. Il me les expliquait toutes les fois qu’il venait au logis. C’était toute mon occupation ; je négligeais toute autre chose. Ses visites et mon étude durèrent un an et quelques mois : j’avais du loisir, je ne connaissais pas encore le grand monde ; mais enfin je fus obligée de recevoir tant de visites tous les jours et à tous momens, que je ne pouvais plus le voir qu’en compagnie.

Il entra dans ma chambre, un jour que Polixène y était avec Philidor, son frère, qui est un gentilhomme aussi adroit et aussi spirituel que j’en connaisse. Monsieur, lui dit Philidor, vous êtes venu bien à propos ; vous avez appris tant de philosophie à Éléonore quʼelle nous fait enrager ; je lui disais qu’un amour constant était la plus belle de toutes les vertus ; elle m’a répondu fièrement que je confondais les vertus avec les passions, que l’amour était une passion et non pas une vertu, et qu’une passion ne