Page:Coulanges L Enclos - Lettres de Mme de Coulanges et de Ninon de L Enclos, Coquette vengee.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dit sa mère ; c’est monsieur tel, dit-elle à toute la compagnie ; et dans la compagnie il y avait force dames. Je ne vis pas qu’elles s’en émurent beaucoup. Je crus que le sujet de l’entretien qu’il avait interrompu par son arrivée, les attachait si fort qu’elles ne pensèrent point à lui faire compliment. Son nom ne m’était pas inconnu ; des jeunes gens qui revenaient de Paris m’en avaient parlé dans la province. Il prit un siège auprès de moi. On continua l’entretien d’un certain mariage qui s’était fait à la cour. Ni lui, ni moi , ne disions pas un mot ; moi, parce que je ne savais rien, lui , parce que le sujet ne lui plaisait pas. Il s’imagina que la même raison nous faisait taire tous deux, après avoir attendu quelque temps : nous ne sommes, ni vous, ni moi, me dit-il tout bas, du grand entretien ; nous en pouvons faire un second entre nous sans troubler le leur : aussi bien elles parlent si haut qu’elles s’étourdissent elles-mêmes, et par conséquent, il est impossible, dans le bruit qu’elles font, qu’elles nous entendent. Je lui