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robe, qui avait renoncé à son état, n’avait aucun rang à la cour ; et cependant elle y jouissait de beaucoup de considération. Elle était nièce de la femme de le Tellier, ministre d’état, depuis chancelier, et cousine du fameux Louvois, ministre de la guerre. La parenté lui donnait un certain crédit auprès de ces deux hommes puissans ; et, comme on peut croire, ses amis lui fournissaient quelquefois l’occasion d’en faire usage. C’était surtout auprès de Louvois qu’on réclamait ses bons offices, dans ce temps de guerres continuelles, où les emplois de l’armée passaient si rapidement de main en main.

C’était beaucoup pour avoir des succès à la cour, que d’être nièce et cousine de ministre : mais ceux de madame de Coulanges tenaient encore à une autre cause bien plus honorable pour elle. C’est ce que madame de Sévlgné a exprimé d’une manière si vive et si ingénieuse, en disant : l’esprit de madame de Coulanges est une dignité. Cet esprit consistait à dire avec grâce, avec aisance, des choses fines et imprévues, des mots vifs et piquans. On appelait cela les épigrammes de madame de Coulanges. Voici ce qu’en dit madame de Caylus dans ses Souvenirs. « Madame de Coulanges, femme de celui qui a fait tant de chansons… avait une figure