Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gravé acheta l’autre. M. de Champlain ne reçut pour sa pitance qu’une écuellée de farine.

Couillard avait sept arpents ensemencés et il assista les colons de son mieux : « quoiqu’on lui témoignât peu de reconnaissance et que lui-même, ainsi que ceux qui étaient au Fort avec lui, fussent des plus mal partagés. » Les Jésuites avaient ensemencé juste ce qu’il leur fallait pour leur entretien. Les Récollets avaient quatre arpents de terre en culture, et ils promirent de donner le surplus qui leur resterait aux habitants après avoir mis de côté leurs provisions pour l’année.

Que de souffrances la Compagnie des Marchands aurait épargnées aux pauvres colons, si elle leur eût permis de se livrer à la culture ! Il y avait plus de vingt ans que Québec était fondé et tout restait à faire. Les familles de Mme Hébert et de Couillard rendirent de précieux services à leurs compatriotes dans cette année de famine. Celles d’Abraham Martin, de Desportes, de Langlois et de Pivert, partagèrent les mêmes peines. Si chacune d’elles avait pu cultiver, la Nouvelle-France n’aurait pas subi de pareilles épreuves. Mais les grandes œuvres voulues de Dieu doivent, avant de prospérer, passer par le creuset des tribulations : la colonie fut fortement marquée du sceau divin. Ce ne fut qu’après vingt-trois ans de luttes et de souffrances qu’elle put enfin être établie sur des bases solides. La famille du premier colon canadien a essuyé toutes ces épreuves ; elle a assisté aux difficultés