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principaux de l’Habitation et il répondit avec assurance : « Qu’il ne doutait pas de la commission que David Kertk avait obtenue du roi d’Angleterre, ni de la prise des sieurs Noirot et de la Tour qui apportaient des provisions… Plus il y a de vivres dans une place de guerre, dit-il, mieux elle se maintient… Il ajouta qu’il avait assez de grains et de blé d’Inde, de pois, de fèves, sans compter les produits du pays pour les nourrir ; bien plus qu’en se rendant dans la situation où ils se trouvaient les Français auraient mérité les reproches du roi et un châtiment de Dieu. Qu’il préférait mourir honorablement en combattant et qu’il attendait les Anglais de pied ferme… »

M. de Champlain, par cette réponse habile, déconcerta les Kertk. La vérité était qu’il n’y avait presque plus de provisions, ni poudre à canon, ni mèches pour allumer… M. de Champlain retarda la chute de la colonie. David Kertk crut plus prudent de laisser à la famine le soin de vaincre les habitants qui s’obstinaient à se défendre.

L’ennemi qui restait à combattre pour les pauvres colons de la Nouvelle-France était aussi terrible que les Anglais. La famine, en effet, se déclara plus affreuse que jamais. Malgré le soulagement que leur apporta Couillard en leur donnant une part de ses récoltes tous endurèrent les tourments de la faim. Le temps de la pêche aux anguilles arriva, mais les sauvages les vendaient à un prix très élevé ; ils exigeaient un beau castor pour dix anguilles. Les colons vendaient même leurs habits