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malheur qui allait la frapper. Perdre son mari d’une manière si soudaine, et être si loin des siens ! Quoi ! elle resterait seule sur cette terre, privée de celui qu’elle aimait de toute son âme ! Elle avait consenti à le suivre en la Nouvelle-France pour travailler à ses côtés et le soutenir dans sa noble entreprise ! L’œuvre était à peine ébauchée et Dieu appelait à lui celui qui contribuait le plus après M. de Champlain dans cette fondation !

Une pensée pourtant jeta un peu de consolation dans son âme ; et comme elle admirait les vues de la Providence ! Hébert avait un excellent collaborateur en Guillaume Couillard, son gendre, qui promettait de rester près d’elle pour la consoler et veiller sur elle…

Louis Hébert supporta sa maladie en véritable chrétien. Les Récollets le visitèrent. Son confesseur, le Père Joseph Le Caron, lui apporta le Saint-Viatique et lui administra l’Extrême-Onction. Ces devoirs accomplis, il fit venir sa femme et ses enfants près de lui et il partagea en parts égales tous les biens qu’il avait plu à la Providence de lui donner. Il voulut encore que les fiefs du Sault-au-Matelot et Lespinay fussent divisés en deux parts égales entre son fils Guillaume et Marie-Guillemette, sa fille. Il attendit ensuite la mort avec calme. Sur le soir de cette journée fatale, en présence de tous les Français et de plusieurs sauvages, il dicta à sa femme et à ses enfants des recommandations qui arrachèrent des larmes à tous les auditeurs. Le pieux Frère Sagard les