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la famine et mille autres misères inhérentes à la vie du colon. Mais ce qui aurait dû, ce semble, les décourager, c’était le voisinage des Iroquois, de ces demi-démons qui avaient tant soif du sang français depuis que M. de Champlain avait combattu contre eux sur les bords du Richelieu et du lac auquel il a laissé son nom.

Mme Hébert fut témoin de plusieurs scènes de carnage. Plus d’une fois les Iroquois tentèrent de détruire la colonie naissante. La maison de Louis Hébert n’était plus en sûreté. Souvent il fallait la quitter en toute hâte pour chercher un refuge au fort. On veillait parfois des nuits entières pour n’être pas surpris par l’ennemi. En 1624, les Iroquois attaquèrent les sauvages alliés. Ils prirent le Père Poulain et le torturèrent avec une cruauté diabolique. Ils venaient de l’attacher au bûcher et d’y allumer le feu quand les Français arrivèrent à temps et obtinrent sa délivrance.

À quelque temps de là, les Iroquois tentèrent l’assaut du couvent des Récollets. Par un heureux hasard on venait de le terminer ; il servit de retranchement. Au premier signal donné, les Français arrivèrent. Le combat fut opiniâtre, mais la victoire resta aux colons. Les Iroquois assouvirent leur rage sur les prisonniers Hurons. Ils leur firent endurer les plus cruels tourments et les obligèrent même à manger leur propre chair. Mme Hébert et Marie-Guillemette, sa fille, assistèrent à cette bataille sanglante dans laquelle trois de leurs compatriotes perdirent la vie.