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un rôle magnifique, ces femmes, qui laissaient leurs travaux pour porter aux pauvres aborigènes les premières notions du christianisme. Durant quatre ans, Mme de Champlain se fit tour à tour catéchiste, interprète et garde-malade. Mais elle ne put se résoudre à demeurer plus longtemps dans notre pays trop peu civilisé.

Le 15 août 1624, elle dit adieu à ses compagnes et partit pour la France. Ce départ fut pour nos premières aïeules une cause de profond chagrin. Elles s’étaient attachées à cette jeune femme si distinguée. En la voyant partir elles faisaient une perte sensible. Ce départ ouvrit bien des plaies. Elles ne purent s’empêcher de penser à la France bien-aimée où elles avaient laissé tant de souvenirs et d’êtres chéris. C’est en pleurant qu’elles virent s’éloigner le navire qui retournait dans leur patrie.

Nos mères furent plus courageuses que Mme de Champlain ; déjà habituées à la vie rude qu’elles avaient trouvée sur nos bords, elles continuèrent leur mission sublime. Elles furent les plus fidèles soutiens de nos courageux pionniers. L’œuvre à laquelle elles ont contribué avec tant de succès est bien digne d’admiration. Marie Rollet, Marguerite Lesage, Françoise et Marguerite Langlois, en demeurant dans la Nouvelle-France, ont fait preuve d’une énergie au-dessus du commun. C’étaient en réalité des héroïnes, ces femmes qui consentirent à s’habituer dans un pays où tout était à créer, où elles devaient supporter le froid si vif de nos interminables hivers, braver