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La Saussaye se défendit avec courage, mais, comme il perdait beaucoup de monde, il prit le parti de se rendre. Lamotte en fit autant et remit l’habitation aux mains d’Argall, qui s’empressa de voler la commission de La Saussaye. Ce dernier, sommé de montrer sa commission qu’il ne put retrouver, fut traité comme un misérable corsaire.

Argall s’offrit pourtant de conduire les Français dans la Virginie ; il leur promit la liberté de conscience, et s’engagea à les faire repasser en France après un an. Plusieurs acceptèrent cette proposition, mais, arrivés en Virginie, le gouverneur de Jamestown les traita en pirates et les condamna à mort malgré les protestations d’Argall qui, ne voulant pas assumer la responsabilité d’un tel crime, prit alors la résolution de montrer la commission de La Saussaye, ce qui sauva la vie des Français mais perdit Port-Royal. En apprenant qu’il se trouvait un autre établissement en Acadie, le gouverneur ordonna à Argall de s’y transporter et de le détruire.

À Port-Royal les Français étaient loin de s’attendre à pareille attaque. Argall ne trouva personne pour défendre le fort. Il y mit le feu et tout fut détruit. En quelques heures furent consumés les bâtiments qui avaient coûté beaucoup de travaux et d’argent. M. de Poutrincourt qui venait d’arriver en Acadie fut témoin de ce malheur. Combien fut grande sa douleur en présence de ce désastre !

Avec quelle amertume dans l’âme, il contempla, ainsi que Louis Hébert, les ruines fumantes de l’Ha-