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Jeune travaillait à la conversion d’un capitaine sauvage. Pour une raison ou pour une autre il retardait l’époque de son baptême. Un jour qu’il était dans la maison des Pères, il demanda une faveur qu’on ne put lui accorder. Le pauvre sauvage rentra alors en fureur et remit au Père son chapelet et son Agnus Dei.

De retour dans sa cabane, il fut pris d’une si grande tristesse qu’il alla trouver Le Tardif pour qu’il lui obtînt son pardon. « M. Olivier nous le ramena, écrit l’auteur de la Relation, et il prit de bonnes résolutions pour l’avenir, ce qui ne l’empêcha pas de se mettre en colère contre M. Olivier et il ne savait plus comment rentrer en grâce avec lui.

« Enfin, le vendredi saint il le va aborder et lui parle de cette sorte : — Réponds-moi, je te prie, sais-tu bien l’Oraison que le Fils de Dieu a faite et qu’on m’a enseignée ? — Je la sais bien, dit le sieur Olivier. — Ne la dis-tu pas quelquefois ? — Je la dis tous les jours. — Ces mots ne sont-ils pas dans cette Oraison : — Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ?

« Le sieur Olivier voyant bien ce qu’il voulait dire, l’embrasse et lui dit que de bon cœur il lui pardonnait la faute qu’il avait commise à son endroit.

« Au sortir de là, il me vint trouver tout rempli de joie de s’être réconcilié donnant mille louanges à celui qui lui avait accordé son pardon. »