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Mais ce qui accrut les peines de l’exil ce fut l’absence de prêtres et la privation de tout secours religieux. Cette famille priait avec ferveur ; elle demandait à leur Dieu de leur envoyer les Français qui seuls pouvaient lui gagner les pauvres sauvages.

Que de fois, Mme Hébert, de la fenêtre de sa maison, qui donnait sur le fleuve, jetait des regards anxieux, cherchant à découvrir quelque navire ami ! Mais rien n’apparaissait à l’horizon. Les jours s’écoulaient, les semaines, les mois se succédaient, et nos chers ancêtres ne voyaient pas venir le drapeau de la mère-patrie !

Trois longues années s’écoulèrent ainsi. Combien ardente leur prière montait vers le ciel ! À la fin, désespérant de voir le retour de M. de Champlain, ils demandèrent au général de les reconduire en France. Mais Kertk avait besoin d’eux ; il ne voulut pas se rappeler les engagements qu’il avait contractés envers eux lors de la capitulation. Il leur fallut se résigner et attendre.

Enfin ! un jour un navire fut signalé près de l’Île d’Orléans ; était-ce la France qui approchait ? Chacun se demandait s’il était le jouet d’un rêve ; on ne pouvait croire à tant de bonheur ! Quelle émotion durant ces heures d’attente ! C’était bien la France qui venait à leur secours ! leur cœur ne les avait pas trompés, car ils apercevaient le drapeau blanc qui claquait gaiement au souffle de la brise. La France ! La France ! ce cri dut être répété bien des fois par nos chers ancêtres. Oui, c’était elle, qui