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gros piliers, les corps de garde, la cuisine, la salle a manger, la chambre de justice où le châtelain tenait ses plaids, la chapelle dédiée à saint Barthélemi, ou chaque matin se disait la messe pour sa famille, enfin la salle d’armes, où il recevait, aux grandes fêtes, les hommages des sires de Bourbévelle, de Raincourt, de Demangevelle et de ses autres petits vassaux. C’est ici qu’étaient conservés les trophées de guerre et les anciennes armures, et que l’on voyait, peints aux plafonds et sur les murailles, les blasons du seigneur et de ses alliés, les sires de Saissefontaine, de Neufchâteau, de Chauvirey, de Vienne, de la Fauche, etc. Au premier étage étaient encore une quantité de chambres destinées à la famille du maître, ainsi qu’aux principaux officiers de sa maison. Toutes ces pièces étaient séparées par de sombres corridors, dont les fenêtres étroites, garnies de barreaux épais, laissaient à peine pénétrer dans l’intérieur un jour douteux ; et pour tout mobilier elles n’avaient qu’un prie-dieu, des sièges de bois sculptés, et un lit de douze pieds de large, ou plusieurs personnes pouvaient dormir à l’aise. A l’étage supérieur, étaient déposées les provisions de toute espèce, avec le terrier et les diplômes, chartes, titres de propriété et de noblesse et les archives de la justice seigneuriale. Tel était, en quelques mots, l’intérieur du château de Jonvelle, aux douzième et treizième siècles. Cette population, si nombreuse et si diverse, composée de chevaliers, de nobles dames, de gens de justice et de paysans ; cet appareil guerrier, ce tribunal, ce gibet élevé a l’ombre de la forteresse, tout nous révèle un âge ou la vie était dure et grandiose, où des alarmes continuelles troublaient