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tous les jours des corps morts, et où lés païsans voient souvent des voleurs en trouppe, comme de six ou huict et quelques fois de douze, qui sont en attente sur les passages et qui font quelques fois leur retraite dans des granges proches de Charlieu, et lesquels en veulent aux étrangers plutôt qu’à ceux du pays ; en sorte néanmoins que personne n’ose passer du costé de Jonvelle ou Jussey. Nous avons sceu d’abord que se pouvoient estres quelques-uns des garnisons suédoises de Richecourt, Deuilly et autres lieux du voisinage ; mais nous avons advis que ce sont plutost quelques soldats des trouppes de S. A. de Lorraine, qui n’ont pu le suivre ; tent qu’ils s’assemblent quelques fois pour faire des parties sur les François ; en sorte que, ces jours passés, il y avoit un certain de ces gens-là se disant capitaine, qui s’estant retiré à Saint-Marcel avec sa femme, fit quelque butin sur les François. Mais le lendemain il arriva que les François vindrent jusques dans Saint-Marcel, avec une trentaine de chevauls, et pillèrent la maison où estoit retiré ledit capitaine, emmenèrent sa femme prisonnière et tout son ménage, sans faire autre mal dans le village.

Pareillement, moy avocat d’Amont, estant samedy dernier à Port-sur-Saône, prins garde qu’un certain capitaine nommé le capitaine Longe, retiré audit lieu dès environ un mois, partit dudit Port-sur-Saône avec quatorze ou quinze soldats de cavalerie qui l’estoient venus prendre ; et m’estant informé où il alloit, j’apprins qu’il alloit en partie sur les François, et qu’il y avoit une trouppe d’autres trente chevaux qui l’attendoient de delà Jussey, et qu’il avoit demandé quel chemin il pourroit prendre pour ne pas passer à la vue de Richecourt et aller proche Jonvelle. Je deffendis aux habitants de le recepvoir à Port-sur-Saône, en cas il retournât, et donnez ordre pour en envoyez une femme qu’il entretient audit lieu, sur ce que j’apprins qu’elle ne vouloit point aller à l’église, et m’informai bien particulièrement si elle avoit point mangé de viandes prohibées : ce que je ne treuvay.

Nous ne sçavons autres moyens de tenir libres les chemins de la campagne en ces endroits là, pendant le temps et saison du labeur prochain, auquel les pauvres laboureurs appréhendent de se mettre aux champs avec leurs chevaux, pour la juste crainte qu’ils ont de semblables vagabonds. Sinon qu’il vous plaise le sieur de Dournon avec toute sa trouppe d’archers faire quelques voyages