Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée

siège devant le château de Mantoche. La forteresse, qui était occupée par Jean d’Abbans, un des chevaliers rebelles, fut bientôt emportée, et des ouvriers maçons et mineurs furent commandés pour la desroichier[1].

A la mort de leur père, Jean et Gérard de Chauvirey-Châteauvillain se partagèrent son héritage. Le lot du premier fut le fief de Chauvirey-le-Châtel avec la moitié de Châteauvillain, dont l’autre moitié échut à Gérard. Quant à Béatrix, elle fut reléguée par l’avarice de ses frères dans le couvent de Belmont, dont l’abbesse était Marguerite de Chauvirey, sa tante. Elle y fît ses vœux, après avoir renoncé aux biens de la terre (1340). Mais la victime de cette vocation forcée, telle que l’intérêt mondain en produisait quelquefois, avait emporté dans le cloître et conservé sous le voile l’amour de Louis de Joux, duc de Nancy. Celui-ci finit par délivrer la captive, qui se fît relever de ses vœux, pour soulager la vieillesse de sa mère et principalement pour donner sa main à son libérateur. Sur ces entrefaites, Gérard vint à mourir : aussitôt les nouveaux époux, qui étaient sans domaine du côté de Béatrix, à cause des dispositions précédentes, se saisirent de Châteauvillain, dont ils refusèrent l’entrée à Jean, leur frère. Mais il eut bientôt forcé le château ; les téméraires usurpateurs, tombés entre ses mains, furent contraints de se désister de leurs prétentions, pour une faible indemnité de soixante soudées de terre, et d’engager dix mille livres en garantie de leurs promesses pacifiques (1350). Béatrix mourut en 1368 et fut inhumée devant le grand autel de Montbenoît[2].

  1. MM. GATIN et BESSON, Histoire de Gray, p. 50
  2. Documents inédits de l’Académie de Besançon, III, 217 et 218