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du clocher roman de sa vieille église, et à demi voilées par un rideau de verts sapins, ouvrent leurs avenues aux routes de Vesoul, Jussey, Bourbonne, Darnay et Luxeuil. Vis-à-vis s’étend le vallon du Coney, accidenté de coteaux, où se dessinent en profil Vougécourt et Demangevelle avec la dernière de ses quatre tours féodales. Au fond du tableau apparaît l’immense forêt de Passavant, dont les dômes imposants vont, du nord à l’est, se confondre avec les ballons de l’Alsace. A gauche, Bourbévelle, Jonvelle, Grignoncourt, Bousseraucourt, Ameuvelle et Moncourt s’échelonnent en amphithéâtre sur des collines enveloppées dans les contours gracieux de la Saône. Mais ce n’est pas seulement à cette charmante position que Corre est redevable de l’intérêt qu’il inspire. Les antiquités qu’on y trouve attestent l’établissement et le séjour de la nation puissante qui, après ses conquêtes, a laissé là, comme partout, les marques de sa grandeur.

Au moyen âge Corre est appelé Corra (1130, 1160, 1172, 1257), Chore (1195, 1198), Corria (1210, 1520), et, dans des temps plus reculés, Colra (1150), Coldrinicum[1]. Ces dernières dénominations ont fait penser à Perreciot[2] que Corre avait donné son nom au pagus Colerensis, et que cette ville, autrefois considérable, avait cessé, après sa ruine, d’être le chef-lieu de ce canton, pour léguer cet honneur à Port-Abucin. Voici comment ce savant expose les motifs de son opinion. Selon Frédégaire, Brunehaut, aïeule de Thierry, roi de Bourgogne,

  1. Histoire du comté de Bourgogne, I, 92 et 592
  2. Ébauches manuscrites, au mot Albiniacum