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l’ennemi ; mais il fallait y passer, ou bien les Français eussent vidé les caves sans rien payer[1].

Telle fut la conduite des Vésuliens, selon le rapport de leur magistrat, qui en écrivit très longuement à la cour et au gouverneur[2], pour se défendre contre leur blâme indigné ; car on les accusait avec amertume d’être allés jusqu’à Chauvirey, solliciter et marchander la pitié de l’ennemi, et de lui avoir ainsi fait un pont d’argent, qui l’avait attiré au cœur de la province. Jamais, disait-on, il n’aurait osé y pénétrer avec si peu de monde, si la scandaleuse intimidation de la capitale du bailliage d’Amont ne l’eût pas encouragé, en même temps qu’elle démoralisait toutes les places de résistance. Mais les accusés s’en prenaient hautement à Jonvelle, dont les gouverneurs et les garnisons avaient attiré les colères de l’ennemi par leurs dévastations acharnées. « Déjà depuis trois ans, disaient-ils, l’orage de la vengeance s’amassait contre cette place imprudemment insolente, à qui seule on en voulait. Si ce lâche et infâme Gaucher eût tenu bon pendant trois ou quatre semaines, comme il le pouvait très bien, c’est là que Grancey terminait ses conquêtes ; jamais il n’eût osé marcher en avant. Malheureusement la facilité de la prise, et par suite la soumission empressée des autres places, lui donnèrent appétit, et il se fit autoriser par son gouvernement à poursuivre sa pointe aussi loin qu’il pourrait. Tel est le témoignage des principaux officiers français[3]. » Mais nous venons

  1. Preuves, 26 et 30 septembre, 1 et 23 octobre.
  2. Aux Preuves, 23 octobre.
  3. Preuves, 30 septembre.