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de son maître défunt, Fauquier d’Aboncourt. D’ailleurs, le commandant savait que, rendu ou forcé, il n’avait point de quartier à espérer. Il fallut quarante coups de canon pour ouvrir la brèche ; quand elle fut prête, le capitaine reçut une nouvelle sommation ; mais il persista dans la défense et repoussa l’assaut avec une vaillance héroïque. Enfin, sur le midi, voyant tout courage inutile, il se rendit à discrétion. Les soldats eurent la vie sauve et sortirent sans armes ni bagages, avec un bâton blanc à la main. Pour le chef, il se vit impitoyablement pendu à la porte du manoir, pour avoir continué la résistance après la brèche ouverte. Sa bravoure cependant aurait dû lui valoir l’estime du vainqueur et un meilleur sort. Mais les mœurs militaires de cette époque avaient encore un peu de la farouche barbarie des siècles précédents. D’ailleurs, Grancey et du Hallier voulaient ainsi donner l’épouvante aux commandants qui seraient encore tentés de se défendre[1]. Le curé de la paroisse, tout voisin du fort, s’y était réfugié avec les vases et les ornements sacrés, précipitamment enlevés de son église : surpris par l’arrivée matinale des Français, il n’avait pas eu le temps de courir à l’un des deux autres châteaux, peu menacés par l’ennemi. On ne lui fit aucun mal, et, comme le curé de Jonvelle, il reçut du général un sauf-conduit pour se retirer où bon lui semblerait, avec son précieux butin. Ensuite la sape et la mine, opérant sur la forteresse vaincue, continuèrent la vengeance des Champenois. Après la retraite des Français, quelques retrahants de la seigneurie et les partisans des alentours essayèrent

  1. Girardot, p. 267.